Un Québec actif pour tous et toutes, c’est pour quand ?
Nous aimerions tous que l’accessibilité fasse naturellement partie de nos actions en sport et loisir au Québec. La vérité, c’est que c’est un terme qui mérite encore des clarifications et qu’il y a également beaucoup de travail à faire. Nous avons parlé avec plusieurs de nos partenaires qui retroussent leurs manches en ce sens afin qu’ils partagent avec nous leur vision sur cette grande question.
Audrey Collerette, directrice du développement, Sport Laval
« Je travaille avec mes collègues dans une entité qui a une vision privilégiée de la région de Laval puisque nous travaillons au quotidien avec des organismes qui représentent assez bien notre population : organismes scolaires, garderies, municipalité, acteurs du réseau de la santé, etc. On remarque qu’il y a beaucoup de concertation sur le sujet. Le problème, c’est que plusieurs membres des populations vulnérables vivent des déceptions lorsqu’ils essaient de faire du sport ou du loisir dans les structures actuelles. Quand une personne vit une difficulté en essayant d’être active, c’est difficile de raviver sa motivation. Il faut donc travailler fort pour amener plus de fluidité et d’écoute dans nos actions. »
C’est le même son de cloche pour une autre membre importante de notre réseau.
Carine Thouveny, codirectrice de Montréal Métropole en santé
« Il y a encore des segments de population pour lesquels nous avons peu de données. Si on prend par exemple la communauté LGBTQ2+, nous menons actuellement un projet de recherche-action qui vise à concevoir des services équitables et inclusifs d`activité physique et sportive qui nous permet de récolter plus d'informations sur les obstacles qui se présentent à ses membres en matière d’activité physique et nous voulons développer avec leur collaboration les leviers qui les inviteront à bouger plus.
Il faut aussi travailler intelligemment, l’inclusion peut être difficile à intégrer pour certains organismes actuels du milieu de l’activité physique et sportive. Il faut donc avoir les ressources pour les appuyer dans leur démarche et les accompagner durant cette période d’apprentissage parce que les populations à risque d’être inactives et sédentaires qui doivent être mieux représentées sont nombreuses et n’ont pas les mêmes besoins.
De mon point de vue, je sens une belle volonté du milieu montréalais. Les organismes sont au rendez-vous pour faire avancer la conversation, la sensibilisation et un début de transfert de connaissances. Par contre, nous ne sommes pas encore dans la phase où les actions sur le terrain sont les plus visibles. On le verra dans quelques années. »
Sylvain Croteau, directeur général, Sport’Aide
« Il y a des sports qui sont naturellement plus accessibles que d’autres. Que l’on pense seulement en termes financiers par exemple. Le soccer témoigne très bien de cette accessibilité. Les terrains sont partout au Québec et un ballon n’est pas trop difficile à se procurer. Si on pense par contre au hockey, ça demeure un sport très coûteux en matière d’équipements ainsi que pour les installations que cela nécessite. On peut malheureusement et facilement écarter une bonne partie de la population avec ces freins.
De plus, culturellement, le hockey ne rejoint pas tout le monde alors qu’il pourrait tellement bien servir à l’intégration. Quand on pense que plusieurs nouveaux arrivants n’ont jamais vu de neige, ce n’est pas automatique qu’ils aient nécessairement envie de chausser des patins… Je pense que nous avons tous une responsabilité dans la recherche de solutions. Il faut ramener les notions de communauté et de plaisir au centre du développement du sport et des loisirs. C’est de cette façon que nous réussirons à avoir des activités pour tout le monde. »
En résumé, il importe de nous écouter davantage et de faire une place à différents membres des communautés que nous voulons rejoindre et intégrer. Toutefois, l’accessibilité est un concept très large qui n’est pas compris de la même façon par tous et qui nécessite des actions à plusieurs niveaux. Je suis confiant car c’est beau de voir qu’on se serre les coudes et que pointe une belle ouverture vers une volonté affirmée de changer les choses.
Un jour à la fois la gang !
Merci à nos intervenants qui ont pris la parole à ce sujet.